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trouvait au moment de leur arrivée, avec un homme de garde. Il s'offrit avec la meilleure
grâce du monde à les conduire à la Véga par le sentier tracé sur la glace, qui mettait le navire
en communication avec la terre ferme et qu'une corde portée sur des pieux bordait pour servir
de guide dans les nuits noires. Chemin faisant, il leur conta les aventures de l'expédition
depuis que le monde n'avait plus de ses nouvelles.
En quittant l'embouchure de la Léna, Nordenskiold s'était dirigé vers les îles de la
Nouvelle-Sibérie qu'il désirait explorer ; mais, trouvant presque impossible de les accoster, à
cause des glaces dont elles étaient entourées et du peu de profondeur de la mer sur une zone
de plusieurs milles, il s'était bientôt résigné à reprendre sa navigation vers l'est. La Véga
n'avait pas rencontré de grandes difficultés jusqu'au 10 septembre. Mais, vers cette date, des
brumes continuelles et des gelées nocturnes avaient commencé à ralentir sa marche. La
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L épave du Cynthia Jules Verne
profonde obscurité des nuits nécessitait des arrêts fréquents. Le 27 septembre seulement, la
Véga était arrivée au cap de Serdze-Kamen. Elle avait jeté l'ancre sur un banc de glace,
espérant, le lendemain, pouvoir franchir les quelques milles qui la séparaient encore du détroit
de Behring, c'est-à-dire des eaux libres du Pacifique. Mais le vent du Nord, se levant dans la
nuit, avait poussé tout autour du navire des amas de glaces, qui n'avaient fait, les jours
suivants, que s'épaissir. La Véga s'était trouvée enfermée et condamnée à l'hivernage au
moment même de toucher au but.
 Le désappointement a été grand pour nous, comme vous pouvez l'imaginer, dit le jeune
astronome ; mais nous en avons bientôt pris notre parti en nous organisant de notre mieux
pour faire tourner ce retard au profit de la science. Nous sommes entrés en relation avec les
Tschoutskes du voisinage, qu'aucun voyageur n'avait encore étudiés de près. Nous avons pu
former un vocabulaire de leur langue, réunir une collection de leurs ustensiles, armes et outils.
Nos observations magnétiques n'auront pas été sans utilité. Les naturalistes de la Véga ont
ajouté un grand nombre d'espèces nouvelles à la flore et à la faune des régions arctiques.
Enfin, le but principal de notre voyage est atteint, puisque nous avons doublé le cap
Tchélynskin et franchi les premiers la distance qui sépare les bouches de l'Yenisséï de celles
de la Léna. Désormais, le passage du nord-est est trouvé et reconnu. Il aurait été plus agréable
pour nous de l'effectuer en deux mois, comme il s'en est fallu de si peu,  de quelques heures
à peine. Mais, à tout prendre, pourvu que nous soyons prochainement débloqués, comme de
nombreux symptômes permettent de l'espérer, nous n'aurons pas à nous plaindre, et nous
pourrons revenir avec la certitude d'avoir fait Suvre utile !
Tout en écoutant leur guide avec un profond intérêt, les voyageurs faisaient du chemin. Ils
étaient maintenant assez près de la Véga pour distinguer son avant couvert d'une grande toile,
tendue jusqu'à la passerelle, et qui laissait seulement la dunette en plein air, ses flancs
protégés par de hauts amas de neige, ses manSuvres réduites aux haubans et aux étais, sa
cheminée soigneusement matelassée pour prévenir les effets de la gelée.
Les abords immédiats du navire étaient plus étranges encore. Il ne se trouvait pas, comme
on aurait pu s'y attendre, encastré dans un lit de glace unie, mais en quelque sorte suspendu au
milieu d'un véritable labyrinthe de lacs, d'îles et de canaux, entre lesquels il avait fallu jeter
des passerelles de bois.
 L'explication du mystère est des plus simples, répondit le jeune savant à une des
questions d'Erik. Tout bâtiment, qui passe des mois au milieu d'un radeau de glace, voit se
former autour de lui une couche de détritus, dont la cendre de charbon brûlé constitue
l'élément principal. Ces objets étant plus foncés que la neige et absorbant plus de calorique, il
s'ensuit qu'ils accélèrent la fonte ou l'empêchent en agissant comme isolateurs, selon qu'ils se
trouvent en amas plus ou moins denses ou considérables. Aussi, quand le dégel arrive, la zone
attenante au navire prend-elle bientôt l'aspect que vous lui voyez, et devient-elle un véritable
chaos de dépressions grandes ou petites, de creux en forme d'entonnoir et de plates-formes
déchiquetées !
L'équipage de la Véga, en tenue arctique, et deux ou trois officiers, groupes sur la dunette,
regardaient déjà venir ces visiteurs européens que leur amenait l'astronome. Leur joie fut
grande de s'entendre saluer en suédois et de reconnaître, parmi les nouveaux venus, la
physionomie si populaire du docteur Schwaryencrona.
Ni le professeur Nordenskiold, ni le fidèle compagnon de ses voyages arctiques, le
capitaine Palender, ne se trouvaient à bord. Ils étaient en excursion géologique dans l'intérieur
des terres, et ne devaient pas rentrer avant cinq ou six jours. Ce fut une première déception
pour les voyageurs, qui avaient naturellement espéré, en retrouvant la Véga, présenter leurs
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hommages et leurs félicitations au grand explorateur. Mais cette déception ne devait pas être
la seule.
A peine entrés au carré des officiers, Erik et ses amis apprirent que la Véga avait eu, trois
jours plus tôt, la visite d'un yacht américain ou du moins de son propriétaire, M. Tudor
Brown. Ce gentleman avait apporté des nouvelles du monde extérieur, dont les internés de la
baie de Koljutschin étaient naturellement très friands. Il leur avait appris ce qui se passait en
Europe depuis leur départ, l'anxiété que la Suède et toutes les nations civilisées éprouvaient
sur leur sort, l'envoi de l'Alaska à leur recherche. Ce M. Tudor Brown venait de l'île de
Vancouver, sur le Pacifique, ou son yacht l'attendait depuis trois mois. [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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