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nombre de blessés et une quantité infinie de cadavres. Ainsi, de quinze à dix-huit mille hommes qui avaient
débarqué en Egypte, pas un homme n'a échappé; tout a été tué dans les différentes batailles, noyé ou fait
prisonniers. Je laisse un millier de ces derniers pour les travaux d'Alexandrie, le reste file sur le Caire.
Le 18, nous serons tous à Rahmanieh.
Faites mettre les Anglais au fort de Sullowski; faites préparer un logement à la citadelle pour le pacha, son
fils, le grand trésorier, une trentaine de grands, et à peu près deux cents officiers du grade de colonel jusqu'à
celui de capitaine. S'il est nécessaire, vous pourrez mettre les prisonniers arabes dans un autre fort. Quant aux
soldats, j'en enverrai du Caire à Damiette, Belbeis, Salabieh, pour les travaux.
Dix-huit vaisseaux de guerre et l'escadre de Brest sont depuis deux mois à Toulon; ils sont bloqués par
l'escadre anglaise. Les marins prétendent ici qu'ils arriveront en toute sûreté au mois de novembre.
Il doit vous être arrivé des cartouches et beaucoup d'artillerie que j'ai ordonné d'envoyer de Rosette au Caire.
BONAPARTE.
Alexandrie, le 15 thermidor an 7 (2 août 1799).
Au général Menou.
Vous devez avoir reçu, citoyen général, les ordres de l'état-major relativement aux troupes qui sont
actuellement sous vos ordres, et aux prisonniers. Dans la journée de demain, il ne-vous restera plus qu'un
bataillon de la soixante-neuvième, les trois bataillons de la quatrième légère, et différens détachemens
d'artillerie; faites sur-le-champ travailler à démolir les deux villages; faites déblayer toute l'artillerie de siège
sur Alexandrie, hormis quatre pièces de 24, qui resteront à Aboukir, et deux mortiers à la Gomère. Faites
embarquer à Rosette pour le Caire la pièce de 8 et l'obusier qui s'y trouvent; faites évacuer sur Rosette toutes
les pièces de 4 ou de 3 qui ont été prises sur les Turcs, hormis deux qui resteront à Aboukir. Ordonnez qu'à
mesure qu'elles arriveront à Rosette, on les fasse partir pour le Caire, hormis deux que l'on gardera pour le
service de Rosette.
Faites rétablir le ponton pour servir au passage du lac; faites armer de deux pièces de 12 ou de 16 la batterie
Picot, et, comme il est nécessaire qu'elle soit à l'abri d'un coup de main, commencez par faire fermer par un
bon fossé et un mur crénelé cette batterie.
Faites recueillir et mettez dans un magasin toutes les tentes; avec le temps on les évacuera sur Rosette.
Quant aux blessés, j'ai écrit par un parlementaire aux Anglais de venir les reprendre, je vous ferai connaître
leur réponse. Pour ce moment, faites-les réunir ensemble sous quelques tentes dans une mosquée.
Je désire que vous restiez encore quelques jours à Aboukir pour mettre les travaux en train, et réorganiser tout
dans cette partie.
Ordonnez à l'adjudant-général Jullien de se rendre à Aboukir. Vous lui laisserez le commandement lorsque
vous verrez les choses dans un état satisfaisant.
Alexandrie, le 15 thermidor an 7 (2 août 1799). 84
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
BONAPARTE.
Rahmanieh, le 20 thermidor an 7 (7 août 1799).
Au général Destaing.
Vous avez mal fait, citoyen général, d'attaquer les Anadis, et vous avez encore bien plus mal calculé de penser
que je vous enverrais de la cavalerie pour une attaque que j'ignorais et qui était contre mes intentions. Je ne
vois pas effectivement pourquoi aller sans artillerie, presque sans cavalerie, attaquer des tribus nombreuses
qui sont toujours à cheval, et qui ne nous disaient rien. Puisque vous pensiez que je ne devais pas tarder à
arriver à Rahmanieh avec la cavalerie, il était bien plus simple de l'attendre. Je n'ai reçu votre lettre que près
de Rahmanieh, et j'avais alors envoyé le général Andréossi avec toute la cavalerie et deux pièces de canon à la
poursuite des Ouladis. Je ne sais pas s'il les rencontrera et ce qu'il fera. Vous nous avez fait perdre une
occasion que nous ne retrouverons que difficilement. Nous nous étions cependant bien expliqués à
Alexandrie, de commencer à traiter avec les Anadis pour pouvoir les surprendre ensuite avec la cavalerie.
J'imagine que les Arabes seront actuellement bien loin dans le désert. Au reste, je laisse l'ordre à Rahmanieh,
au général Andréossi, de protéger, avec la cavalerie et les dromadaires, les opérations qui pourraient être
nécessaires pour éloigner les Arabes, en supposant qu'ils ne seraient pas acculés dans le désert.
BONAPARTE.
Au Caire, le l3 thermidor an 7 (10 août 1799).
Au directoire exécutif.
Siège du fort d'Aboukir.
Le 8 thermidor, je fis sommer le château d'Aboukir de se rendre: le fils du pacha, son kiaya et les officiers
voulaient capituler; mais ils n'étaient pas écoutés des soldats.
Le 9, on continua le bombardement.
Le 10, plusieurs batteries furent établies sur la droite et la gauche de l'isthme: plusieurs chaloupes canonnières
furent coulées bas, une frégate fut démâtée, et prit le large.
Le même jour, l'ennemi, commençant à manquer de vivres, se faufila dans quelques maisons du village qui
touche le fort: le général Lannes y étant accouru fut blessé à la jambe; le général Menou, le remplaça dans le
commandement du siége.
Le 12, le général Davoust était de tranchée; il s'empara de toutes les maisons où était logé l'ennemi, et le jeta
dans le fort, après lui avoir tué beaucoup de monde. La vingt-deuxième demi-brigade d'infanterie légère et le
chef de brigade Magni, qui a été légèrement blessé, se sont parfaitement conduits. Le succès de cette journée,
qui a accéléré la reddition du fort, est dû aux bonnes dispositions du général Davoust.
Le 15, le général Robin était de tranchée: nos batteries étaient sur la contrescarpe; nos mortiers faisaient un
feu très-vif; le château n'était plus qu'un monceau de pierres. L'ennemi n'avait point de communication avec
l'escadre, il mourait de soif et de faim; il prit le parti, non de capituler (ces gens-ci ne capitulent pas), mais de
jeter ses armes, et de venir en foule embrasser les genoux du vainqueur. Le fils du pacha, le kiaya et deux
mille hommes ont été faits prisonniers. On a trouvé dans le château trois cents blessés, dix-huit cents
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